CHAPITRE DIX-NEUF

Je rampai jusqu’à Darius en sanglotant. Je venais de l’atteindre lorsqu’un son terrible s’éleva derrière moi. Stark tenait toujours son arc dans une main. De l’autre, il serrait si fort le montant de la porte que ses articulations étaient toutes blanches. Je jure que je vis ses doigts laisser des marques sur le bois. Il gémissait, penché en avant, comme s’il avait mal au ventre.

— Stark, que se passe-t-il ? demandai-je en m’essuyant les yeux.

— Le sang… je dois…

Soudain, comme malgré lui, il fît un pas en avant, vacillant.

Darius se mit à genoux. Il prit le poignard que Kalona avait abandonné par terre et se tourna vers Stark.

— Je ne partage mon sang qu’avec les gens que j’ai invités à le boire ! dit-il d’une voix posée.

À l’entendre, on n’aurait jamais pu deviner qu’il venait d’être blessé.

— Et je ne t’ai pas fait une telle invitation, mon garçon, poursuivit-il. Recule avant que les choses ne se gâtent pour toi !

Le combat intérieur qui agitait Stark se reflétait sur son visage. Les yeux rouges, flamboyants, les lèvres tordues dans une grimace sauvage, il paraissait sur le point d’exploser.

Là, mes nerfs lâchèrent. Dire que ma réaction au baiser de Kalona m’angoissait aurait été l’euphémisme de l’année. Tout mon corps me faisait souffrir ; la tête me tournait, et je me sentais si faible que j’aurais même été incapable de remporter un bras de fer contre Jack. De plus, j’ignorais si la blessure de Darius était grave. Franchement, je n’avais jamais été aussi stressée.

— Stark, fous le camp ! m’emportai-je. Je n’ai pas envie d’en arriver là, mais je te jure que si tu fais un pas de plus, je demanderai au Feu de te brûler les fesses.

Il me regarda d’un air furieux, menaçant. Il était entouré d’une aura sombre qui faisait ressortir ses yeux rouges. Je me levai, le drap bien coincé autour de ma poitrine, et je tendis les bras, prête à passer à l’action.

— Ne me pousse pas à bout ! Je t’assure que tu vas le regretter.

Il cligna des yeux à plusieurs reprises, comme s’il avait du mal à me voir distinctement. La teinte écarlate disparut de ses yeux, l’obscurité qui l’enveloppait se dissipa, et il passa une main tremblante sur son front.

— Zœy, je…, commença-t-il de sa voix normale.

Il s’interrompit en voyant Darius, qui avait fait un

pas vers moi, et il rugit – oui, il rugit, comme un animal. Puis il fît volte-face et sortit de la pièce en courant.

Je réussis, je ne sais comment, à atteindre la porte et à la claquer, puis à bloquer la poignée avec une chaise,

comme je l’avais vu faire dans des films, avant de retourner auprès de Darius.

— Je suis content que nous combattions du même côté, prêtresse, dit-il, solennel.

— Eh oui, que veux-tu ? Je suis une vraie guerrière, fis-je d’un ton comique, pour ne pas lui montrer que j’étais au bord de l’évanouissement.

Il rit et, nous soutenant l’un l’autre, nous nous dirigeâmes vers le lit, où il s’assit. Je restai debout, m’efforçant de ne pas tituber.

— Il doit y avoir une trousse de premiers secours, là-bas.

Il désigna le grand meuble en inox, équipé d’un évier, à côté duquel étaient rangés sur des plateaux de nombreux objets effrayants d’aspect chirurgical, pointus et très brillants.

Faisant mine de ne pas les voir, je commençai à ouvrir les tiroirs. Je me rendis compte que mes mains tremblaient violemment.

— Zœy, dit Darius.

Je lui jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule. Il était dans un sale état. Tout le côté gauche de son visage était couvert de sang. L’entaille allait de sa tempe à sa mâchoire, coupant le dessin géométrique de son tatouage. Mais ses yeux souriaient.

— Je vais bien, m’assura-t-il. Ce n’est qu’une égratignure.

— Oui, une grosse égratignure, quand même.

— Ça ne va pas plaire à Aphrodite, à mon avis.

— Quoi donc ?

Il esquissa un sourire, qui se transforma en grimace, et sa blessure se mit à saigner de plus belle. Il pointa le doigt sur sa joue.

— La cicatrice.

Je revins vers lui, les bras chargés de bandages, de compresses imbibées d alcool et de gaze stérile.

— Si elle te fait la moindre remarque désagréable, je lui botte les fesses. Enfin, quand je serai reposée.

J’examinai l’affreuse « égratignure », ignorant l’odeur délicieuse du sang. J’avalai ma salive pour m’empêcher de vomir.

Oui, je sais, c’est contradictoire : j’adore le goût et l’odeur du sang, pourtant le voir dégouliner du corps d’un ami me répugne. Quoique… Ce n’est peut-être pas si contradictoire que ça, étant donné que je ne bois pas celui de mes amis ! Plus précisément, je ne le fais pas dans des circonstances normales, et pas s’ils ne m’en donnent pas la permission, comme Heath.

— Je peux m’en occuper, dit Darius en essayant de prendre la lingette que je serrais dans la main.

— Non, c’est ridicule. Tu es blessé, je vais le faire. Explique-moi juste comment m’y prendre.

Je me tus un instant.

— Darius, il faut qu’on parte d’ici.

— Je sais.

— Mais tu ne sais pas tout. J’ai surpris une conversation entre Kalona et Neferet. Ils disaient préparer un nouvel avenir, et ils ont parlé de renverser le conseil.

— Le conseil de Nyx ? Le grand conseil des vampires ? Douce Nyx ! C’est impossible !

Malheureusement, mon instinct me soufflait le contraire.

— Et pourtant… Kalona est puissant, et il possède cette capacité surnaturelle à attirer les gens à lui. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas attendre qu’ils réalisent leur immonde projet.

À vrai dire, je craignais qu’ils ne soient déjà passés à l’action, mais, par superstition, je ne pouvais me résoudre à l’avouer à voix haute.

— Alors, on va te soigner, repris-je, récupérer Aphrodite, les Jumelles, Damien, et retourner dans les souterrains, d’accord ? Je vais mieux, et je préfère encore me noyer dans mon propre sang que rester ici.

— Je suis d’accord avec toi. Neferet t’a bien soignée, et tu ne risques plus de rejeter la Transformation, même si tu n’es plus entourée de vampires.

— Tu es en état de partir ?

— Je t’ai dit que j’allais bien, et je ne mentais pas. Nettoyons cette plaie et quittons cet endroit au plus vite. Là-bas, au moins, nous serons en sécurité.

— Tu as bien observé Neferet ? demandai-je.

— Oui, elle paraît beaucoup plus puissante.

— Dommage, marmonnai-je, j’espérais me faire des idées.

— Ton instinct ne te trompe jamais, et il te souffle depuis longtemps de te méfier d’elle. Quant à Kalona, son pouvoir hypnotique est inouï. Je n’avais jamais rien senti de tel !

— C’est vrai, mais je pense m’être libérée de l’emprise qu’il avait sur moi. Je me gardai bien d’admettre que son baiser m’avait quand même fait beaucoup d’effet…

— Est-ce qu’il t’a paru différent ? poursuivis-je.

— Différent ? Comment ça ?

— Plus jeune, plus jeune que toi, même.

Il me regarda avec attention.

— Non, il ne m’a pas semblé changé. Il peut sans doute modifier son apparence pour te plaire.

J’aurais aimé le nier, mais je me souvins alors du nom qu’il m’avait donné avant de m’embrasser. Le même que dans mon cauchemar. « Je réagis à lui de façon presque automatique, comme si mon âme le reconnaissait », me chuchota mon esprit en traître. J’en eus la chair de poule.

— Il m’appelle A-ya.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— C’est le nom de la jeune fille que les femmes Ghigua ont créée pour emprisonner Kalona.

— Eh bien, au moins, on sait pourquoi il tient tant à te protéger, soupira-t-il. Il te prend pour la femme qu’il a aimée.

— À mon avis, c’était plus de l’obsession que de l’amour, déclarai-je. Et puis, il ne faut pas oublier qu’elle a réussi à le piéger ; à cause d’elle, il est resté sous terre pendant plus de mille ans.

— Alors, son désir pour toi pourrait très vite tourner à la violence.

— Et s’il a juste l’intention de se venger d’elle à travers moi ? Après tout, je n’ai aucune idée de ce qu’il compte faire ! Il a empêché Neferet de me tuer en disant que mes pouvoirs leur seraient utiles.

— Sauf que, toi, tu ne te détourneras jamais de Nyx.

— Et quand il l’aura compris, ça m’étonnerait qu’il veuille encore de moi…

— Oui, il te verra comme une ennemie puissante, capable de trouver un moyen de le piéger à nouveau.

— Exactement. Bon, en attendant, explique-moi comment te remettre sur pied.

Je suivis ses instructions, qui consistaient à asperger d’alcool sa chair à vif afin de, pour reprendre ses termes, « prévenir une éventuelle infection causée par le sang des Oiseaux Moqueurs ». (Cela me rappela qu’il avait planté ce même couteau dans la poitrine de Rephaim.) Ensuite, je versai un produit appelé « la colle de suture Dermabond » sur sa coupure afin de la refermer, et il déclara qu’il était en pleine forme. J’étais un peu plus sceptique, mais – comme il ne manqua pas de me le faire remarquer –, je ne faisais pas une infirmière très crédible…

Nous retournâmes tous les placards à la recherche de quelque chose à me mettre sur le dos. Pas question que j’aille où que ce soit recouverte d’un drap ! Nous trouvâmes une chemise d’hôpital fine comme du papier, ouverte dans le dos, d’une laideur inimaginable.

Nous dénichâmes aussi un pantalon vert, bien trop grand pour moi ; je complétai ma tenue avec des bottines en toile.

Je ne savais plus où était mon sac à main. D’après Darius, il était resté dans le Hummer. J’espérais qu’il ne se trompait pas ; sinon, il me faudrait demander le duplicata de mon permis de conduire, acheter un nouveau téléphone portable, et ainsi de suite.

Après m’être habillée, je restai assise sur le lit, le regard dans le vide.

— Comment vas-tu ? demanda Darius. Tu as l’air…

Il ne termina pas sa phrase, cherchant, je supposais, un terme plus flatteur que « horrible » ou « abominable ».

— Fatigué ? suggérai-je.

— C’est ça.

— Pas étonnant. Je suis fatiguée. Très fatiguée.

— Peut-être devrait-on attendre et…

— Non ! Il faut partir au plus vite ! De toute façon, je n’arriverai pas à me reposer tant qu’on sera ici. Je me sens en danger ici.

Nous savions tous les deux que nous ne serions peut-être pas en sécurité non plus si nous parvenions à quitter la Maison de la Nuit, mais, pour notre moral, il valait mieux ne pas le mentionner.

— Bon, allons-y.

Je jetai un coup d’œil sur l’horloge murale : il était quatre heures du matin. Je n’aurais jamais cru qu’autant de temps s’était écoulé depuis notre arrivée. J’étais restée inconsciente pendant plusieurs heures ! Si l’école avait conservé un emploi du temps normal, les cours étaient terminés.

— C’est l’heure du dîner, dis-je. Tout le monde doit être à la cafétéria.

Darius hocha la tête et ôta la chaise qui bloquait la porte, qu’il ouvrit lentement.

— Le couloir est vide, murmura-t-il en regardant de chaque côté.

Je le retins par la manche. Il me lança un regard interrogateur.

— Euh, Darius, je pense qu’on devrait se changer avant de se montrer. Tu es couvert de sang, et moi, je porte une sorte de sac-poubelle vert. On ne peut pas dire qu’on passe inaperçus…

Il baissa les yeux sur sa chemise et sa veste, maculées de sang, et proposa :

— Montons aux quartiers des Fils d’Erebus. Je vais mettre des vêtements propres, et je t’emmènerai à ton dortoir pour que tu te débarrasses de ça. Avec un peu de chance, Aphrodite et les Jumelles seront sur place.

— Bonne idée.

Gravir les marches fut un supplice. Je voyais bien que Darius envisageait de me prendre dans ses bras, et il l’aurait fait malgré mes protestations, si nous n’étions pas déjà arrivés à l’étage.

— Dis, lâchai-je entre deux halètements, c’est toujours aussi calme ici ?

— Non, répondit-il d’un air sombre.

Nous passâmes par une salle contenant un réfrigérateur, un grand écran plat, quelques canapés confortables et des trucs de mecs : des haltères, des jeux de fléchettes et un billard. Elle aussi était vide. Le visage impassible, Darius me conduisit dans un couloir, sur lequel s’ouvraient de nombreuses portes, dont celle de sa chambre.

Elle était exactement comme je l’avais imaginée : propre, simple, dépouillée. Il avait exposé ses trophées de lancer de couteau et la collection complète des œuvres de Christopher Moore ; en revanche, je n’aperçus aucune photo d’amis ou de membres de sa famille. La seule décoration consistait en des paysages de l’Oklahoma accrochés aux murs, sans doute fournis avec la chambre. Il possédait aussi un petit frigo, comme celui d’Aphrodite. Apparemment, j’étais la seule à ne pas en avoir…

Je me dirigeai vers la fenêtre et soulevai un coin des lourds rideaux pour regarder dehors, permettant à Darius de se changer sans prendre le risque qu’Aphrodite pique une crise de jalousie et nous étripe tous les deux.

A cette heure-ci, l’école aurait dû bouillonner d’activité. En temps normal, une fois les cours terminés, les élèves traversaient le campus, se rendant aux dortoirs, à la cafétéria, dans la salle de jeu, ou simplement traînaient dehors comme tous les jeunes de leur âge. Or je ne vis que deux personnes, qui rasaient les murs au pas de course.

Malgré ce que me soufflait mon intuition, je mis ça sur le compte du mauvais temps. Même si la tempête nous coupait du monde, j’étais charmée par la couche d’eau gelée qui faisait tout reluire comme par magie. Les arbres ployaient sous le poids des cristaux. La douce lumière jaune des lampes à gaz léchait les bâtiments et les allées glissantes. La pelouse, prise au piège de la glace, scintillait comme un champ de diamants.

— Waouh, fis-je, plus pour moi-même qu’à l’intention de Darius. C’est trop joli ! On se croirait dans un autre monde.

Il me rejoignit en enfilant un pull sur un tee-shirt propre. À en juger par son froncement de sourcils, il voyait surtout le côté ennuyeux de la chose.

Pas une seule sentinelle… dit-il. On devrait pourtant apercevoir deux ou trois de mes frères.

Soudain, il se raidit.

— Qu’est-ce qui se passe ? m’affolai-je.

— J’ai parlé trop vite. Tu as raison, c’est un autre monde. Il y a bien des sentinelles, mais il ne s’agit pas de mes frères. Là !

Il désigna un point à notre droite. Je plissai les yeux : dans l’ombre d’un vieux chêne se découpait la silhouette d’un Corbeau Moqueur perché sur le toit du temple.

— Et là, reprit-il en me montrant une tache dans l’obscurité, qui venait de bouger.

— Ils sont partout ! murmurai-je, épouvantée. Comment on va faire pour partir ?

— Tu ne pourrais pas demander aux éléments de nous cacher, comme la dernière fois ?

— Je ne sais pas. Je suis fatiguée, et puis je me sens toute drôle. Ma blessure me fait moins mal, mais j’ai l’impression de me vider de mon énergie, sans jamais me recharger. Après avoir convoqué le Feu et l’Air pour forcer Kalona à te relâcher, je n’ai pas eu besoin de les congédier. Ils étaient déjà partis. D’habitude, ils attendent que je les renvoie.

— Tu t’épuises, Zœy. Ton don a un prix. Comme tu es jeune et en bonne santé, tu ne dois pas le remarquer dans d’autres circonstances.

— Si, ça m’est arrivé une fois ou deux, mais jamais à ce point.

— C’est que tu n’avais encore jamais frôlé la mort. Si tu y ajoutes le manque de repos, on arrive à une équation dangereuse.

— En d’autres termes, il vaudrait mieux ne pas compter sur moi pour nous sortir de là.

— On va dire que tu es le plan C, d’accord ? Il faut essayer de concocter un plan A et un plan B.

— Je préférerais être le plan Z, grommelai-je.

Il se dirigea vers son frigo et en sortit deux bouteilles en plastique remplies d’un liquide rouge. Il m’en tendit une.

— Bois !

— Tu conserves du sang dans des bouteilles d’eau ?

— Je suis un vampire, Zœy ; tu en seras bientôt un toi aussi. Pour nous, avoir du sang humain ou de l’eau au réfrigérateur, c’est du pareil au même. Sauf que le sang donne un sacré coup de fouet.

Sur ce, il leva sa bouteille comme pour trinquer et la vida en quelques lampées. J’arrêtai de réfléchir et l’imitai. Comme toujours, le sang explosa en moi, et je me sentis pleine de vie, invincible.

— Ça fonctionne ?

— Carrément. Allons-y tant que ça dure.

— Tiens, dit-il en me lançant une autre bouteille, glisse-la dans ta poche. Ça ne remplacera pas le sommeil, ni n’abrégera le temps dont ton corps a besoin pour guérir, mais ça te permettra de tenir debout. Du moins, je l’espère.

Il attacha le fourreau de son poignard à sa taille, prit une veste en cuir propre, et nous quittâmes sa chambre.

Nous atteignîmes la porte du bâtiment sans avoir croisé âme qui vive. Il vaut mieux que les Corbeaux Moqueurs ne voient pas que je peux marcher, dis-je à voix basse, au moment où il allait pousser le battant.

— Tu as raison. Comment tu vas faire ?

— Le dortoir n’est pas loin, et puis avec le temps qu’il fait, il suffît que je demande un peu plus de brouillard et de pluie. Imagine que tu n’es qu’un esprit, que tu te mêles à la tempête. En général, ça me facilite les choses.

— Très bien. Je suis prêt.

— Eau, Feu et Esprit, j’ai besoin de vous, lançai-je.

Je tendis un bras, comme pour étreindre un ami, et je passai l’autre sous celui de Darius. Les trois éléments déferlèrent aussitôt sur nous.

— Esprit, je te demande de nous cacher… de nous recouvrir… de nous permettre de nous fondre dans la nuit. Eau, tombe autour de nous, baigne-nous, dissimule-nous. Feu, réchauffe légèrement la glace, pour qu’elle devienne brume et enveloppe tout le campus.

Je souris en sentant les éléments trépigner d’impatience, puis je fis signe à Darius. Il ouvrit la porte, et nous sortîmes.

Grâce au sortilège, la tempête avait redoublé d’intensité. Je scrutai les alentours pour voir si les Corbeaux Moqueurs nous avaient remarqués, mais les éléments faisaient du bon travail : c’était comme si nous marchions à l’intérieur d’une boule à neige.

Je constatai qu’il n’y avait aucun chat dehors. D’accord, il faisait un temps épouvantable, et ils détestent l’humidité, mais, depuis que je vivais à la Maison de la Nuit, j’en avais toujours vu plusieurs en train de se courir après, quelle que soit la météo.

— Tu vois des chats, toi ? demandai-je.

— Non.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Rien de bon.

Je décidai de ne pas me poser de questions. Je sentais déjà mon énergie diminuer.

Nous étions presque arrivés au dortoir quand j’entendis une voix de fille haut perchée et nerveuse. Il n’y avait pas de doute : elle avait des ennuis. Les muscles de Darius se tendirent sous ma main ; il regarda autour de nous, aux aguets.

Au fur et à mesure que nous nous approchions du dortoir, certains mots devenaient intelligibles.

— Non, vraiment ! Je… je veux juste retourner dans ma chambre.

— Tu y retourneras quand j’en aurai fini avec toi.

Je m’immobilisai : j’avais reconnu cette voix.

— Pourquoi pas plus tard, Stark ? On pourra peut-être…

Elle s’interrompit brutalement. Elle poussa un petit cri, qui se transforma en halètements ; puis un bruit mouillé dégoûtant, suivi de gémissements, parvint à mes oreilles.

[La Maison de la Nuit 05] Traquée
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